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Le Capharnaüm.
27 avril 2011

Le(s) mot(s) du jour.

 

Le mot du jour est l'adjectif et substantif « manichéen ». Son choix est la conséquence d'une réflexion longue et dithyrambique - néanmoins, point d'éloge à Dionysos par la suite[1]. La lecture de l'Enéide de Virgile m'a, en effet, permis de relever le terme de Mânes, dont les significations sont plurielles : divinités infernales, destinée des morts aux Enfers, ensemble des ancêtres d'une famille, etc. En bref, tout un vocable lié au dieu Pluton et à son royaume funèbre.

L'histoire étymologique du mot Mânes est une dérivation du latin archaïque manus qui signifie « bon », en opposition à immanus qui désigne ce qui relève du monstrueux. Le schéma réflexif peut se présenter, à partir de cet instant,  comme la construction entre ce terme latin et la conception et acceptation générale du mot « manichéen », à savoir l'opposition de la Lumière et des Ténèbres, de la vie et de la mort. Il est, en outre, intéressant de souligner le sens du mot homophone « Manne », nourriture dont Dieu fit don aux Hébreux lors de la traversée du désert. Ce récit est fait dans l'Exode.

Quelques recherches sur les liens possibles entre ces mots ont mis en lumière l'existence d'un prophète nommé Manès - parfois écrit Mani -, né en Mésopotamie au IIIème siècle après Jésus-Christ, qui aurait fait le syncrétisme des religions bouddhiste, chrétienne et zoroatriste,  et dont le nom est à l'origine du mot « manichéisme ». Les manichéens sont les adeptes du manichéisme. Manès défendait un système de pensée religieux fondé sur une opposition nette entre deux forces, volontés, puissances, que sont le Bien et le Mal.

Toutefois, une étude approfondie de cette religion montre que si la division du monde en deux entités adverses est nette, la relation qu'elles entretiennent est moins radicale que l'on ne le pense. En effet, les manichéens admettent que le Mal porte en lui-même le germe de son anéantissement. En des temps immémoriaux, l'immixtion matérielle du Bien dans les royaumes du Mal aurait fait naître la mort - antithèse de l'éternité, caractéristique du Bien -, produit de la rencontre de ces  deux forces. La défaite du Mal, temporel et soumis à la mortalité, ne résulte donc pas de la lutte frontale mais bien du mélange, de l'intervention du Bien au sein du Mal.

L'écrivain et homme politique français André Malraux écrivait dans Espoir (1937) : « Tout vrai révolutionnaire est un manichéen-né ». Doit-on, dès lors, considérer le principe révolutionnaire comme allant à l'encontre du système politique par sa destruction frontale ou par la démonstration de son échec en s'immisçant dans ce système ? Quels sont les moyens de démonstration de ce échec et qui en sont les acteurs ?

L'histoire du manichéisme est riche en événements, aussi me permets-je d'inviter le lecteur curieux à la lecture d'historiographies de cette religion et au propos d'Augustin d'Hippone - dit Saint-Augustin -, qui fut un temps manichéen, et de ses Confessions, critique de ce système de pensée.

Le Centre National de Ressources Textuelles (CNRT) cite Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 368 (?) en ce propos : « Les manichéens prétendaient que le diable n'était pas une créature de Dieu. Ne comprenant pas qu'une bonne nature pût déchoir par orgueil, ils le disaient l'oeuvre du mauvais principe », point de rupture majeur entre le christianisme et le manichéisme.

Le rédacteur.


[1] L'adjectif dithyrambique se dit de quelque chose qui appartient au genre poétique de la dithyrambe, poème en l'honneur de Dionysos.

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